Réveil à 5h30 (on commence à s’y faire…) pour une ascension de 1000m
jusqu’au premier col de la journée. Durant les 2h30 qui nous sont nécessaires,
mon ventre me fait souffrir sans que j’en connaisse la cause. Heureusement, ces
douleurs s’estomperont en arrivant au col, et ne réapparaitront pas. Du sommet,
la vue est dégagée : derrière nous, l’Aneto ; devant nous, le Carlit.
A l’assaut ! Courte pause, on avale goulument quelques encas et on
repart !
Pendant le repas, on sera dépassé par les deux toulousains qui, s’ils sont
partis après nous, avancent assez vite. On envisage de se retrouver au port de
l’Artigue dans quelques heures, mais on ne les reverra jamais…
Après-midi des plus difficiles s’il en est. Comme l’écrit Véron, l’accès du
col frontière est des plus malaisés, même par beau temps. Et ça n’est pas peu
dire. Si on monte sans encombres jusqu’au dernier lac, on ne trouvera jamais le
sentier censé en partir. On le cherche en vain pendant une vingtaine de
minutes.
Je finis par me lasser. Si l’ascension vers la ligne de crête frontière a
l’air difficile, « impossible n’est pas français » ! Je
m’imagine un itinéraire à travers ces grandes dalles de granite, ces hautes
herbes et les quelques cours d’eau. Et on s’engage. On a marché sans sentier
ces dernières 60 heures, on commence à
avoir l’habitude. Il nous faudra une heure pour atteindre la frontière.
De là, la descente semble délicate. Je passe devant, espérant fort ne pas
devoir rebrousser chemin. C’est limite, j’aurai aimé pouvoir m’encorder à
Antoine (j’ai beau savoir qu’un Antoine retombe toujours sur ses pattes, la
moindre chute ici pourrait être fatale…) mais ça semble praticable. A peu
près en fait, il faudra quand même mettre les mains. Courte pause assis sur un
rocher en pleine pente (l’émotion, ça creuse !) et on repart. Antoine perd
l’équilibre dans les derniers mètres de la descente et se rattrape un peu plus bas après une course folle. Que
j’ai eu peur !
La chance nous sourit dans la descente puisqu’une fois avoir dépassé le
parking, une dame accepte de nous prendre en stop et de nous déposer au gîte de
Mounicou, nous évitant ainsi quelques kilomètres de goudron.
Au gîte, on découvre amusé que la propriétaire, Mme Denjean, n’a pas
changé entre l’écriture de notre Topo-guide (1978 !) et aujourd’hui (Note à posteriori : en fait, c'est probablement sa fille). Elle nous accueille chaleureusement et nous approvisionne en denrées diverses et variées. Antoine
est prêt à dévaliser tout son garde-manger, je suis moi-même d’avis qu’il
nous reste largement assez de rations pour tenir jusqu’à Font Romeu et qu’il
s’agit là de dépenses inutiles. Bref.
On croise un couple Hollandais-Espagnol qui se balade dans le coin
et un randonneur solitaire lui aussi en train de traverser les Pyrénées, par
le GR10. M. Denjean viendra rapidement nous donner des indications quant aux
différents itinéraires nous permettant de rejoindre l’Andorre le lendemain.
Le lendemain, c’est bien là le problème. Nous sommes tous deux fatigués par
les quatre dernières étapes, Antoine encore plus que moi. Ses pieds sont dans
un sale état, ce qui va sérieusement compromettre les deux étapes très dures
prévues par la suite. Et c’est sans compter la météo, qui annonce des orages
sur l’Andorre pour les jours à venir. C’en est trop. J’aimerais vraiment passer,
mais aucune des alternatives ne me convient. Je ne veux pas faire la traversée de l’Andorre en stop ; soit on se déroute ; soit on traverse en mode
HRP, mais on ne fait pas les choses à moitié. C’est dur à admettre, mais c’est
ici nécessaire, on abandonne cette partie de la traversée. Demain, on partira vers Tarascon-sur-Ariège
et on prendra un train pour Font-Romeu. On
y prendra un jour de pause. Et on finira notre HRP ensuite.
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