Jour 20, vendredi 2 août 2016 : A l'abordage du port de l'Artigue



Réveil à 5h30 (on commence à s’y faire…) pour une ascension de 1000m jusqu’au premier col de la journée. Durant les 2h30 qui nous sont nécessaires, mon ventre me fait souffrir sans que j’en connaisse la cause. Heureusement, ces douleurs s’estomperont en arrivant au col, et ne réapparaitront pas. Du sommet, la vue est dégagée : derrière nous, l’Aneto ; devant nous, le Carlit. A l’assaut ! Courte pause, on avale goulument quelques encas et on repart !



Descente sans encombres dans un décor rouge-orange jusqu’au lac de Cercastan : il est d’un bleu profond et d’une profondeur recors de 96m, qui en fait le lac le plus profond de toutes les Pyrénées. Quelques photos plus tard, nous sommes au refuge de Cercastan. On n’y croisera pas grand monde, si ce n’est un âne qui se prendra d’affection pour mes chaussettes (une odeur de famille, sans doute…) et forcera Antoine à se replier derrière l’abri d’une barrière… On finit là une courte étape de Véron (4h), il n’est pas encore midi, on enchaîne. 




On rate l’intersection du sentier qui part vers le barrage de Romédo et on finit sur la route en contrebas, sans doute construite en même temps que le barrage en question. Fort de cette information (et rassuré par la vielle carte du topo-guide), on artille rapidement les quelques kilomètres qui nous séparent de l’édifice. On s’y arrêtera manger.



 Pendant le repas, on sera dépassé par les deux toulousains qui, s’ils sont partis après nous, avancent assez vite. On envisage de se retrouver au port de l’Artigue dans quelques heures, mais on ne les reverra jamais…

Après-midi des plus difficiles s’il en est. Comme l’écrit Véron, l’accès du col frontière est des plus malaisés, même par beau temps. Et ça n’est pas peu dire. Si on monte sans encombres jusqu’au dernier lac, on ne trouvera jamais le sentier censé en partir. On le cherche en vain pendant une vingtaine de minutes.

Je finis par me lasser. Si l’ascension vers la ligne de crête frontière a l’air difficile, « impossible n’est pas français » ! Je m’imagine un itinéraire à travers ces grandes dalles de granite, ces hautes herbes et les quelques cours d’eau. Et on s’engage. On a marché sans sentier ces dernières 60 heures, on commence à  avoir l’habitude. Il nous faudra une heure pour atteindre la frontière. De là, la descente semble délicate. Je passe devant, espérant fort ne pas devoir rebrousser chemin. C’est limite, j’aurai aimé pouvoir m’encorder à Antoine (j’ai beau savoir qu’un Antoine retombe toujours sur ses pattes, la moindre chute ici pourrait être fatale…) mais ça semble praticable. A peu près en fait, il faudra quand même mettre les mains. Courte pause assis sur un rocher en pleine pente (l’émotion, ça creuse !) et on repart. Antoine perd l’équilibre dans les derniers mètres de la descente et se rattrape  un peu plus bas après une course folle. Que j’ai eu peur !



Une fois sur le replat herbeux en contrebas, on est enfin en sécurité. Mais encore loin d’avoir fini notre étape. Il nous reste un peu plus d’un kilomètre de dénivelé à descendre avant d’atteindre Marc-Mounicou. La météo est excellente, la vallée est magnifique, mais nous sommes épuisés. Par-dessus le marché, l’état des pieds d’Antoine est préoccupant et les deux étapes du lendemain et surlendemain sont terrifiantes. On fera un briefing ce soir.

La chance nous sourit dans la descente puisqu’une fois avoir dépassé le parking, une dame accepte de nous prendre en stop et de nous déposer au gîte de Mounicou, nous évitant ainsi quelques kilomètres de goudron.



Au gîte, on découvre amusé que la propriétaire, Mme Denjean, n’a pas changé entre l’écriture de notre Topo-guide (1978 !) et aujourd’hui (Note à posteriori : en fait, c'est probablement sa fille). Elle nous accueille chaleureusement et nous approvisionne en denrées diverses et variées. Antoine est prêt à dévaliser tout son garde-manger, je suis moi-même d’avis qu’il nous reste largement assez de rations pour tenir jusqu’à Font Romeu et qu’il s’agit là de dépenses inutiles. Bref.

On croise un couple Hollandais-Espagnol qui se balade dans le coin et un randonneur solitaire lui aussi en train de traverser les Pyrénées, par le GR10. M. Denjean viendra rapidement nous donner des indications quant aux différents itinéraires nous permettant de rejoindre l’Andorre le lendemain.

Le lendemain, c’est bien là le problème. Nous sommes tous deux fatigués par les quatre dernières étapes, Antoine encore plus que moi. Ses pieds sont dans un sale état, ce qui va sérieusement compromettre les deux étapes très dures prévues par la suite. Et c’est sans compter la météo, qui annonce des orages sur l’Andorre pour les jours à venir. C’en est trop. J’aimerais vraiment passer, mais aucune des alternatives ne me convient. Je ne veux pas faire la traversée de l’Andorre en stop ; soit on se déroute ; soit on traverse en mode HRP, mais on ne fait pas les choses à moitié. C’est dur à admettre, mais c’est ici nécessaire, on abandonne cette partie de la traversée.  Demain, on partira vers Tarascon-sur-Ariège et on prendra un train pour Font-Romeu. On  y prendra un jour de pause. Et on finira notre HRP ensuite.




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