Jour 16, lundi 29 août : Le toit des Pyrénées



Réveil à 5h du matin, copieux petit déjeuner et départ à 6h sous un ciel très couvert. On se lance dans les cailloux qui ne nous quitteront pas de la journée… Troisième journée donc à ne manger que des éboulis, ça commence à bien faire. Les structures de nos semelles ont déjà bien été limées ! Dès la première heure de marche, on prend l’averse. On aperçoit derrière nous un groupe qui fait déjà demi-tour, dégoûté. Nous sommes d’une autre trempe : lents, certes, mais déterminés !
 
               Une fois à la porteille supérieure (2900m), la météo se dégage un peu vers l’est et on peut enfin apprécier le paysage. Il nous faudra une heure de plus (toujours sur des cailloux hein, est-il nécessaire de le préciser ?...) pour atteindre le pied du glacier. On chausse alors les crampons, on s’encorde et on se lance : Papa donne le rythme, Antoine le suit et je ferme la marche. Nos crampons « légers » semblent tenir tant que la pente n’est pas trop marquée, ce qui n’est heureusement pas le cas ici. D’abord assez peu à l’aise, Antoine prend rapidement confiance en ses appuis. Moi, je prends des photos et je suis perdu dans mes pensées, essayant tant bien que mal de faire abstraction de mes pieds gelés… 



               
 Une heure et demie plus tard, on quitte enfin le glacier pour la crête finale. On abandonne crampons piolets et sacs pour se lancer dans la dernière épreuve de l’ascension : le pas de Mahomet. Il s’agit d’un passage assez « gazeux » (avec du vide des deux côtés) d’une vingtaine de mètres de long. Antoine hésite, mais le courage finit par l’emporter. On n’a pas marché deux semaines durant pour renoncer si près du sommet ! Aidé des conseils de papa, il prend appuis et se lance, surmontant aisément l’obstacle.
              
                                           Sommet. Bonheur. Heureux. Photos. Carambars.


               S’amorce alors la longue et particulièrement pénible descente sous la pluie. Papa aimerait en finir avec le glacier avant de faire une pause repas (il est 14h !!!). On se rencorde et on se lance. Antoine perdra à plusieurs reprises l’équilibre et se rattrapera soit à son piolet, soit à la corde tendue par Mathieu qui le suit, mort de rire. On voit passer 150m derrière nous un beau bloc de glace d’environ 16 mètres carré… On a eu du bol sur ce coup-là ! Toujours sous la pluie, mais mort de faim, on s’arrête sans avoir trouvé d’abris pour préparer un repas éclair. Papa n’avalera rien, trop fatigué, gelé aussi.
             
             On repart au plus vite, descendant les lisses rochers vers le fond de la vallée, suivant au mieux quelques discrètes lignes de cairns. Je progresse devant, essayant de trouver un itinéraire praticable sans trop de difficultés. La météo se dégage alors qu’on rejoint le petit lac en contrebas. Le moral remonte en flèche : on s’arrête un peu, on avale quelques gâteaux, pom’potes et autres. Ici, on trouve aussi un sentier qui semble se diriger dans la bonne direction. Cette fois, on joue de chance, et on arrive rapidement au niveau de la Garonne ! C’est là notre dernière épreuve ; il nous faut la traverser. Papa, armée de chaussures étanches montantes, traverse en toute impunité. Antoine et moi allons galérer pendant une bonne demi-heure à essayer de trouver un guet pour finalement découvrir une passerelle qui nous aurait considérablement facilité le travail…



               
            On découvre alors le « Trou del Toro », gouffre dans lequel plonge la Garonne avant de disparaître sous la terre pour resurgir en France. D’ici, plus qu’une demi-heure de marche pour rejoindre le parking de la navette qui nous reconduira à l’hospice de Venasque. C’est sur ce parking qu’Antoine oubliera ses bâtons tout neuf, qu’il ne retrouvera pas par la suite... Ici, pas question pour papa de reprendre la route, ni pour nous de continuer vers l’Est. On est tous au tas. Jean-Pierre propose alors généreusement de nous prendre une chambre et un repas à l’hospice : Royal !
                
             La bonne nouvelle du soir, c’est que les prévisions météorologiques des prochains jours se sont considérablement améliorées. Si on hésitait hier à rentrer avec papa et reprendre l’aventure une prochaine fois (5 jours d’orage consécutifs étaient alors annoncés), la question ne se pose plus ! Alors on profite de la courte nuit pour faire sécher un maximum d’affaires, et on s’endort prêts à en découdre avec cette seconde moitié de la haute route pyrénéenne !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.