Réveil à 5h du matin, copieux petit déjeuner et départ à 6h sous un ciel
très couvert. On se lance dans les cailloux qui ne nous quitteront pas de la
journée… Troisième journée donc à ne manger que des éboulis, ça commence à bien
faire. Les structures de nos semelles ont déjà bien été limées ! Dès la
première heure de marche, on prend l’averse. On aperçoit derrière nous un groupe
qui fait déjà demi-tour, dégoûté. Nous sommes d’une autre trempe : lents, certes, mais déterminés !
Une fois à la porteille
supérieure (2900m), la météo se dégage un peu vers l’est et on peut enfin
apprécier le paysage. Il nous faudra une heure de plus (toujours sur des
cailloux hein, est-il nécessaire de le préciser ?...) pour atteindre le
pied du glacier. On chausse alors les crampons, on s’encorde et on se
lance : Papa donne le rythme, Antoine le suit et je ferme la marche. Nos
crampons « légers » semblent tenir tant que la pente n’est pas trop
marquée, ce qui n’est heureusement pas le cas ici. D’abord assez peu à l’aise,
Antoine prend rapidement confiance en ses appuis. Moi, je prends des photos et
je suis perdu dans mes pensées, essayant tant bien que mal de faire abstraction
de mes pieds gelés…

Une heure et demie plus
tard, on quitte enfin le glacier pour la crête finale. On abandonne crampons
piolets et sacs pour se lancer dans la dernière épreuve de l’ascension : le pas de Mahomet. Il s’agit d’un passage assez « gazeux » (avec du
vide des deux côtés) d’une vingtaine de mètres de long. Antoine hésite, mais le
courage finit par l’emporter. On n’a pas marché deux semaines durant pour renoncer
si près du sommet ! Aidé des conseils de papa, il prend appuis et se
lance, surmontant aisément l’obstacle.
Sommet. Bonheur.
Heureux. Photos. Carambars.
S’amorce alors la longue
et particulièrement pénible descente sous la pluie. Papa aimerait en finir avec
le glacier avant de faire une pause repas (il est 14h !!!). On se rencorde
et on se lance. Antoine perdra à plusieurs reprises l’équilibre et se
rattrapera soit à son piolet, soit à la corde tendue par Mathieu qui le suit,
mort de rire. On voit passer 150m derrière nous un beau bloc de glace d’environ
16 mètres carré… On a eu du bol sur ce coup-là ! Toujours sous la pluie,
mais mort de faim, on s’arrête sans avoir trouvé d’abris pour préparer un repas
éclair. Papa n’avalera rien, trop fatigué, gelé aussi.
On repart au plus vite,
descendant les lisses rochers vers le fond de la vallée, suivant au mieux
quelques discrètes lignes de cairns. Je progresse devant, essayant de trouver
un itinéraire praticable sans trop de difficultés. La météo se dégage alors
qu’on rejoint le petit lac en contrebas. Le moral remonte en flèche : on
s’arrête un peu, on avale quelques gâteaux, pom’potes et autres. Ici, on trouve
aussi un sentier qui semble se diriger dans la bonne direction. Cette fois, on
joue de chance, et on arrive rapidement au niveau de la Garonne ! C’est là
notre dernière épreuve ; il nous faut la traverser. Papa, armée de
chaussures étanches montantes, traverse en toute impunité. Antoine et moi
allons galérer pendant une bonne demi-heure à essayer de trouver un guet pour
finalement découvrir une passerelle qui nous aurait considérablement facilité
le travail…

On découvre alors le
« Trou del Toro », gouffre dans lequel plonge la Garonne avant de
disparaître sous la terre pour resurgir en France. D’ici, plus qu’une
demi-heure de marche pour rejoindre le parking de la navette qui nous
reconduira à l’hospice de Venasque. C’est sur ce parking qu’Antoine oubliera
ses bâtons tout neuf, qu’il ne retrouvera pas par la suite... Ici, pas question
pour papa de reprendre la route, ni pour nous de continuer vers l’Est. On est
tous au tas. Jean-Pierre propose alors généreusement de nous prendre une
chambre et un repas à l’hospice : Royal !
La bonne nouvelle du
soir, c’est que les prévisions météorologiques des prochains jours se sont
considérablement améliorées. Si on hésitait hier à rentrer avec papa et
reprendre l’aventure une prochaine fois (5 jours d’orage consécutifs étaient
alors annoncés), la question ne se pose plus ! Alors on profite de la
courte nuit pour faire sécher un maximum d’affaires, et on s’endort prêts à en
découdre avec cette seconde moitié de la haute route pyrénéenne !
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