La nuit a été des plus particulières. Si les conditions météorologiques ne
nous ont pas dérangées (même sans la bâche extérieure ; c’est-à-dire en
moustiquaire), nous avons été dérangés dès 4h du matin par un troupeau de
chevaux qui s’amusaient à courir dans tous les sens, faisant un bouquant du
diable et nous donnant parfois l’impression de vouloir nous charger. Une nuit
agitée, somme toute.
Réveil matinal, comme tous les jours en fait, mais je vais continuer à
l’évoquer régulièrement tant il a été difficile de s’y habituer !
Au même titre que la majorité des jours qui vont suivre, on commence
l’étape « en retard » par rapport à notre plan initial. La première
étape difficile d’hier nous a mis en retard de deux heures environ, à condition
de rejoindre le col de Narbalatz sans encombres. C’est donc notre première
étape.
Sans indications claires autres que celles données par le topo guide
(quelque peu dépassées, on y reviendra...), on ne trouve pas directement le
sentier, mais une piste, qui finira par rejoindre le GR11 espagnol, menant au
col objectif.
L’état des pieds de Guillaume est inquiétant. Il fait chaud, et ses lourdes
chaussures imperméables se transforment en piscines, avec les conséquences qui
s’ensuivent. Les chaussures d’Antoine sont plus respirantes, et les miennes
plus basses.
L’après-midi se transforme en calvaire, similaire à celui de la veille. Pas
beaucoup d’eau, il nous faut dont être économe. Une température de plus en plus
insupportable, et un sentier à flanc de colline où l’ombre se fait rare. Je
marche toujours devant, accompagné d’Antoine, forçant malgré moi le rythme dans
l’espoir de trouver au plus vite de l’eau. Pas tant que je m’inquiète pour moi,
mais l’état de Guillaume et les nerfs d’Antoine se dégradent à vue d’œil.
C’est quelques deux heures plus tard qu’on finira par trouver un semblant
de source. On remplit nos gourdes, on micropure, et on s’abreuve un peu. Plus
aucun risque de manquer avant la ville. Légère altercation entre Antoine et
moi, quant à la nécessité, où non, d’enfiler les pantalons longs pour traverser
un dense sous-bois. Dépité, je finis par imposer la descente sur le goudron pour
mettre fin au débat.
Elizondo est proche, mais l’état de Guillaume est devenu vraiment
préoccupant. S’il n’y a aucun doute qu’il arrivera jusque-là, la question de
son état après se pose : Quel intérêt pour lui de souffrir encore 3 jours
consécutifs ? Surtout qu’il nous ralentit, il le sait, et même si ni Antoine
ni moi ne lui en tiendrons jamais rigueur, ça doit peser sur sa
conscience. Je prends donc mon courage à deux mains et lui évoque la
possibilité de rester à Elizondo, et d’y trouver un moyen de transport pour rejoindre
la gare française la plus proche. Il ne faut pas longtemps pour qu’on tombe
tous d’accord. C’est malheureusement ici la meilleure chose à faire. On se pose
sur un banc, dans Elizondo et on cherche avec le peu de réseau à disposition
les différents moyens de rapatrier notre Guigui national.
Il rentrera donc en bus. Il trouve une place dans une auberge de jeunesse
après avoir fait tous les hôtels bondés de coin (Et oui, on est encore fin
août !).
Adieux déchirants, je crois qu’on est tous les trois sous le choc. Lors de
nos aventures cyclistes précédentes, Guillaume n’avais que très rarement montré
signe de fatigue…
Pour Antoine et moi, pas le temps de respirer : Il est déjà tard, et
Elizondo aurait dû n’être que la moitié de notre étape ! On repart alors
dans le but d’avaler le plus de distance possible avant de devoir planter la
tente, quand la nuit sera tombée.
Elle tombe bien vite, et devant l’absence évidente de lieux paisibles où
s’installer, on demande à un local, propriétaire de quelques maisons dans un
domaine qu'on aura finalement très peu vu, s’il peut nous héberger. On arrive à se
comprendre à peu près, dans un anglais moyen.
On s’installe rapidement entre quelques murets, on se douche dans la rivière adjacente, on chasse un serpent et on se couche, explosé, et sous le choc.
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