Jour 2, lundi 15 août 216: Le pays de la soif.



La nuit a été des plus particulières. Si les conditions météorologiques ne nous ont pas dérangées (même sans la bâche extérieure ; c’est-à-dire en moustiquaire), nous avons été dérangés dès 4h du matin par un troupeau de chevaux qui s’amusaient à courir dans tous les sens, faisant un bouquant du diable et nous donnant parfois l’impression de vouloir nous charger. Une nuit agitée, somme toute.
Réveil matinal, comme tous les jours en fait, mais je vais continuer à l’évoquer régulièrement tant il a été difficile de s’y habituer !
Au même titre que la majorité des jours qui vont suivre, on commence l’étape « en retard » par rapport à notre plan initial. La première étape difficile d’hier nous a mis en retard de deux heures environ, à condition de rejoindre le col de Narbalatz sans encombres. C’est donc notre première étape.

Sans indications claires autres que celles données par le topo guide (quelque peu dépassées, on y reviendra...), on ne trouve pas directement le sentier, mais une piste, qui finira par rejoindre le GR11 espagnol, menant au col objectif.

 Il nous aura fallu 2h30. Une demi-heure de retard supplémentaire. Courte pause, et on repart en direction d’Elizondo à 22km de là. Heureusement, depuis la rédaction de notre ancien topo-guide, le GR11 a fait son apparition et il est ici clairement balisé. Aucun risque de se perdre donc, et c’est un soulagement en soi.



Je marche devant, en compagnie d’Antoine, forçant un peu le rythme. C’est la première fois qu’on peut relâcher un peu la pression quant à la topographie, et la conversation va gaiement. On se questionne sur l’évolution de nos performances au cours du voyage, sur l’état de nos pieds, et malheureusement aussi sur l’état de Guillaume, qui semble peiner plus que de raison. Ceci dit, jusqu’à notre pause de midi, tout va bien. On a déjà bien marché, et une bonne heure de repos s’impose, à l’ombre d’un grand arbre. Seul bémol : Pas d’eau à l’horizon. Nos gourdes sont encore assez remplies, alors on accepte d’en sacrifier une partie pour nos lyophilisés, au risque d’en manquer avant la prochaine source, qu’on espère trouver avant Elizondo. 



L’état des pieds de Guillaume est inquiétant. Il fait chaud, et ses lourdes chaussures imperméables se transforment en piscines, avec les conséquences qui s’ensuivent. Les chaussures d’Antoine sont plus respirantes, et les miennes plus basses.
L’après-midi se transforme en calvaire, similaire à celui de la veille. Pas beaucoup d’eau, il nous faut dont être économe. Une température de plus en plus insupportable, et un sentier à flanc de colline où l’ombre se fait rare. Je marche toujours devant, accompagné d’Antoine, forçant malgré moi le rythme dans l’espoir de trouver au plus vite de l’eau. Pas tant que je m’inquiète pour moi, mais l’état de Guillaume et les nerfs d’Antoine se dégradent à vue d’œil.
C’est quelques deux heures plus tard qu’on finira par trouver un semblant de source. On remplit nos gourdes, on micropure, et on s’abreuve un peu. Plus aucun risque de manquer avant la ville. Légère altercation entre Antoine et moi, quant à la nécessité, où non, d’enfiler les pantalons longs pour traverser un dense sous-bois. Dépité, je finis par imposer la descente sur le goudron pour mettre fin au débat.
Elizondo est proche, mais l’état de Guillaume est devenu vraiment préoccupant. S’il n’y a aucun doute qu’il arrivera jusque-là, la question de son état après se pose : Quel intérêt pour lui de souffrir encore 3 jours consécutifs ? Surtout qu’il nous ralentit, il le sait, et même si ni Antoine ni moi ne lui en tiendrons jamais rigueur, ça doit peser sur sa conscience. Je prends donc mon courage à deux mains et lui évoque la possibilité de rester à Elizondo, et d’y trouver un moyen de transport pour rejoindre la gare française la plus proche. Il ne faut pas longtemps pour qu’on tombe tous d’accord. C’est malheureusement ici la meilleure chose à faire. On se pose sur un banc, dans Elizondo et on cherche avec le peu de réseau à disposition les différents moyens de rapatrier notre Guigui national.
Il rentrera donc en bus. Il trouve une place dans une auberge de jeunesse après avoir fait tous les hôtels bondés de coin (Et oui, on est encore fin août !).
Adieux déchirants, je crois qu’on est tous les trois sous le choc. Lors de nos aventures cyclistes précédentes, Guillaume n’avais que très rarement montré signe de fatigue…
Pour Antoine et moi, pas le temps de respirer : Il est déjà tard, et Elizondo aurait dû n’être que la moitié de notre étape ! On repart alors dans le but d’avaler le plus de distance possible avant de devoir planter la tente, quand la nuit sera tombée.
Elle tombe bien vite, et devant l’absence évidente de lieux paisibles où s’installer, on demande à un local, propriétaire de quelques maisons dans un domaine qu'on aura finalement très peu vu, s’il peut nous héberger. On arrive à se comprendre à peu près, dans un anglais moyen.


On s’installe rapidement entre quelques murets, on se douche dans la rivière adjacente, on chasse un serpent et on se couche, explosé, et sous le choc.

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